16 octobre 2019
Cher(e)s ami(e)s,
Comme vous le verrez demain matin, Le Figaro a pris la décision de publier la nouvelle de la détention de notre ami et collègue Roland Marchal en Iran. Roland était allé voir Fariba début juin pour fêter avec elle l’Aïd et il a été arrêté à son arrivée, à l’aéroport.
Faute d’information, nous n’avons aucun commentaire à faire quant aux allégations, fondées ou non, du Figaro. Fariba et Roland sont des prisonniers scientifiques, arrêtés et détenus en tant que tels dans le plus grand arbitraire, et transformés en monnaie d’on ne sait quel échange qui n’a rien à voir avec leur activité, strictement universitaire.
Conformément au souhait du ministère des Affaires étrangères, nous avions gardé par devers nous l’information de l’arrestation de Roland et Fariba. Nous savions qu’ils avaient été tous les deux arrêtés depuis le 25 juin par les Gardiens de la Révolution. Nous n’avions pas communiqué sur cette affaire, en accord avec le ministère des Affaires étrangères qui était soucieux de ne pas compliquer une négociation qui s’avérait difficile en la plaçant sous le feu du jeu factionnel en Iran et de sa surenchère nationaliste. A la mi-juillet, des réseaux sociaux iraniens, proches des “réformateurs”, avaient divulgué la nouvelle de l’arrestation de la seule Fariba, ce qui avait amené le Quai d’Orsay à la rendre publique. C’est à ce moment là que nous avions lancé la mobilisation en faveur de Fariba, car toujours en accord avec le Quai d’Orsay et pour les mêmes raisons, nous avons continué à garder le silence sur l’arrestation de Roland.
Désormais la détention de Roland est publique. Pour lui comme pour Fariba , cela ne change malheureusement pas grand chose. Ils sont tous deux en prison en Iran et ce qu’ils vivent est excessivement dur. Il nous faut continuer à les soutenir comme nous l’avons fait jusqu’à présent par nos messages, notre mobilisation du monde scientifique national et international, et notre participation à la cagnotte. Celle-ci a d’ailleurs été utilisée ces derniers jours pour l’envoi de livres à Roland et pour les frais de cantinage de Roland et Fariba.
Pour ceux qui ne connaissaient pas ou moins Roland, nous vous faisons parvenir un portrait de lui, en français et en anglais (les autres langues sont en traduction). Africaniste, Roland est chercheur au CNRS et comme Fariba, affecté au CERI. Comme Fariba, il est membre fondateur du FASOPO.
Comme nous l’avons fait dès juillet dernier, nous demandons leur libération immédiate, et dans cette attente la suspension de toute coopération scientifique et culturelle avec l’Iran, à l’exclusion de l’accueil des étudiants iraniens qui n’ont pas à être pris en otage des agissements de leur gouvernement. Nous invitons les universités françaises, et par delà européennes, à interrompre immédiatement leurs échanges avec l’Iran, aussi bien dans le domaine des sciences dites “dures” que dans celui des sciences sociales. Il en va d’ailleurs de la sécurité des chercheurs européens, dès lors qu’ils sont la proie facile des Gardiens de la Révolution – et les mises en garde du ministère français des Affaires étrangères sont très explicites en la matière. Cette consigne de prudence et de solidarité s’étend aux touristes qui étaient nombreux à revenir en Iran ces derniers temps.
Nous réitérons notre reconnaissance et notre confiance à l’égard du ministère des Affaires étrangères qui travaille depuis juin à la libération de nos deux collègues.
Nous vous remercions de tout coeur, au nom de Fariba et Roland, du soutien que vous leur apportez.
Et vous tiendrons au courant de ce que nous pourrions apprendre dans les jours à venir.
Amicalement
Béatrice Hibou et Jean-François Bayart pour le FASOPO
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Sandrine Perrot (16 octobre 2019). 16 octobre 2019. Fariba Adelkhah & Roland Marchal Support Committee. Consulté le 11 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/ooll